hide random home http://dmf.culture.fr/culture/bzhauag.htm (Einblicke ins Internet, 10/1995)

Bretagne d'or et d'argent

Les orfèvres de basse Bretagne

Sibiril (Finistère), chapelle reliquaire de Saint-Maudez, 1447

La richesse de l'orfèvrerie bretonne conservée a inspiré sa présentation en deux temps dont le premier concerne la partie occidentale de la Bretagne, dite basse Bretagne ou Bretagne "bretonnante". Parmi les trois cents oeuvres déjà sélectionnées pour l'exposition, la trentaine publiée ici évoque six siècles de l'histoire de cet art précieux.

Entre le XIe et le XIIe siècle, dont subsistent de très rares inventaires de trésors, les plus anciens ateliers d'orfèvres étaient, très probablement, liés aux ateliers monétaires de Rennes, Nantes, Guingamp et Vannes, qui relevaient de l'autorité ducale. Les sièges d'évêchés, Tréguier et Quimper pour citer les mieux informés, les abbayes importantes comme Saint-Gildas-de-Rhuys, ont eux aussi, contribué très tôt à la commande et à l'élaboration de pièces d'orfèvrerie.

Aux XIVe et XVe siècles, les mentions de quelques noms d'orfèvres apparaissent, ainsi que les premiers poinçons de communautés, tel celui de Morlaix au milieu du XVe. Dans l'ensemble, néanmoins, les conditions de l'exercice du métier demeurent mal connues. Cette situation se prolonge durant la première moitié du XVIe siècle et reflète alors les tâtonnements de la période de rattachement de la Bretagne à la France. Après le traité d'Union de 1532 et malgré la suppression en 1534 de la monnaie bretonne, l'activité des orfèvres se poursuit intensément en basse Bretagne. En témoignent les diverses oeuvres aux poinçons à l'hermine passante généralisés ici comme en haute Bretagne au XVIe siècle. Toutefois, sur la soixantaine de pièces de basse Bretagne conservées de ce siècle, une partie ne comporte pas ce type de marque mais seulement le poinçon de maître, parfois difficile à identifier, en l'absence de statuts et d'archives relatives aux communautés. L'érection des communautés d'orfèvres en jurandes, permettant un meilleur contrôle du métier et du titre du métal, est effective à Nantes et à Rennes dès 1579 mais reste difficile à dater en basse Bretagne. L'intense activité de Morlaix et l'utilisation par cette ville de poinçons à lettres-dates dès 1607 donne à penser qu'elle était déjà le siège d'une jurande, ce que confirme en 1699 l'inspection des juges de la Monnaie de Rennes. C'est en effet à l'extrême fin du XVIIe siècle seulement que s'établit définitivement la répartition des structures, à partir des ressorts respectifs des hôtels des monnaies de Rennes et de Nantes qui régissent le travail des métaux précieux.

Ainsi, de l'hôtel des monnaies de Rennes dépendent en basse Bretagne, les diocèses de Saint-Pol-de-Léon et de Tréguier, et en haute Bretagne, ceux de Saint-Brieuc, Dol, Saint-Malo et Rennes ; de l'hôtel de Nantes, dépendent en basse Bretagne, les diocèses de Quimper et de Vannes et, en haute Bretagne, celui de Nantes. En même temps, le contrôle de l'exercice du métier se fait plus rigoureux, tant sur le titre du métal précieux employé que sur les qualités requises de l'orfèvre qui, pour accéder à la maîtrise, se voit dans l'obligation, désormais clairement spécifiée, de fournir un chef d'oeuvre.

Au cours du XVIIIe siècle, l'essor maritime et commercial de la Bretagne et la prospérité des ports sont marqués par la confirma-tion et la création de nouvelles jurandes : en 1744, confirmation de celle de Brest, dont le ressort s'étend aux centres actifs de commerce toilier que sont Lesneven et surtout Landerneau où s'illustre la dynastie des Febvrier ; en 1745, création de celles de Vannes et de Lorient, riche port de la Compagnie des Indes dont dépendent Port-Louis, Hennebont et Pontivy. La jurande de Quimper, tardivement créée en 1780, reflète davantage l'esprit indépendant des orfèvres de cette ville que le ralentissement considérable d'activité qu'ils invoquent. Dans l'ensemble, les nouveaux centres de production du XVIIIe siècle sont économiques et non plus religieux, ce qui n'empêche pas le renouvellement continu de l'orfèvrerie des paroisses. Après la Révolution, la production décline surtout au profit de Paris, comme on peut le constater également en bien d'autres régions.


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Date de création : 1994-10-25

M. B.