En 1985 est localisé, au sud du Golfe de Guinée, un
groupe de canons de bronze posé par 10 mètres de fond, sur
un long tumulus de sable figé par un épais blindage de
lingots métalliques.
Une expertise réalisée par
le Département des recherches archéologiques sous-marines (DRASM) permet d'identifier l'épave comme celle du Mauritius,
vaisseau de la compagnie des Indes orientales hollandaises (V.O.C),
échoué au large du Gabon le 19 mars 1609.
En préalable à la fouille, en 1986, une opération de prospection méthodique, par side-scan sonar, sondeur à sédiment, magnétomètres, sonars et plongeurs a été réalisée, pour définir avec précision toutes les spécificités de l'épave.
Alors que sa structure a donné lieu à une passionnante étude d'architecture navale, un impressionnant mobilier archéologique a été mis au jour : depuis les milliers de lingots métalliques jusqu'aux petits grains de poivre, en passant par une cloche en bronze, de la porcelaine, des pièces d'artillerie... le Mauritius avait su conserver ses trésors.
Les résultats des fouilles ont
été publiés en 1989 à l'occasion d'une
exposition montée à Paris au Musée de la Marine.
Quelques rares autres épaves de vaisseaux de la
compagnies des Indes ont également fait l'objet de fouilles,
telles le Sussex ou le Prince de Conty.
La cargaison de lingots métalliques a particulièrement
retenu l'attention des chercheurs : 18 000 à 22 000 saumons de
zinc, pour un poids total de 122 tonnes, couvrent le site. Ces lingots
se présentent dans leur majorité sous la forme de petits
"plateaux" plano-convexes, circulaires ou ovales.
Une étude
métallographique a révélé qu'il s'agissait
de lingots de zinc dont le métal est pratiquement dénué
d'impuretés. Les résultats laissent à penser que ce
zinc pourrait avoir une origine japonaise, même si la forme du
lingot correspond plutôt à un modèle chinois.
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Les épices semblent avoir constitué le fret majoritaire du Mauritius. Au cours de la fouille, quelques milliers de grains de poivre, appartenant à trois espèces différentes, ont pu être mis en évidence.
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Le site a fourni un modeste échantillon de porcelaine de Chine de type "bleu et blanc" d'époque Wan Li (1573-1619).
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Vingt-huit pièces d'artillerie, dont neuf de bronze,
certaines richement armoriées et légendées, ont
été mises à jour. Elles ont suivi un long
traitement de conservation par
électrolyse.
Fabriqués entre 1587 et 1604, les
canons sont originaires de différentes fonderies européennes
ou orientales.
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L'une des pièces les plus étonnantes est cette cloche
en bronze, sur laquelle apparaît le nom du fondeur Willen
Tonnissen (en 1598).
Sa panse est décorée par des
moulures (partie basse) et des frises annulaires de motifs floraux
enserrant un bandeau inscrit (partie haute).
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Fouille : Michel L’Hour et Luc Long (DRASM).
Photos : Michel L’Hour, Luc Long et Patrice Esnault.