Si aujourd'hui l'accent est mis à juste raison sur la découverte de la grotte ornée de Vallon-Pont-d’Arc particulièrement remarquable par le nombre, la diversité, la qualité esthétique des oeuvres qu'elle recèle, il est bon de citer quelques exemples de travaux et de recherches sur des sites quelquefois moins spectaculaires mais qui n'en présentent pas moins d'intérêt.
On peut ainsi évoquer :
L'étude détaillée de la partie minérale de la peinture, effectuée principalement au microscope électronique à balayage et dans certains cas avec AGLAE a ainsi permis de démontrer que, en Ariège, la peinture est constituée d'un mélange de pigments colorants (pigment noir : oxyde de manganèse, charbon de bois broyé; pigment rouge : hématite) broyés avec un minéral présent en grande quantité qui joue le rôle de charge (feldspath potassique et mélange de ce dernier avec la biotite). Les méthodes d'investigation permettent également d'avancer dans la connaissance de la chronologie des oeuvres.
Les préhistoriens ont prélevé un maximum d'échantillons parmi les charbons intacts. Ils ont également opéré de minuscules prélèvements sur une douzaine de figures tracées au charbon, afin de les faire dater par la méthode du radiocarbone, grâce au Tandétron du laboratoire des faibles radioactivités de Gif-sur-Yvette (CNRS-CEA). Lorsque ces analyses auront été effectuées, la grotte Cosquer sera un cas unique au monde parmi les grottes ornées, avec plus de deux douzaines de datations.
L'examen systématique des parois a permis de découvrir de nombreuses gravures et quelques peintures supplémentaires, dont plusieurs mains tracées au pochoir. Les deux phases majeures, déjà établies dans l'art de la grotte Cosquer, ont été confirmées.
La phase 1 comprend des milliers de tracés digitaux sur la surface molle de la paroi, y compris dans des recoins ou des diverticules rampants très difficiles d’accès, ou encore à des hauteurs (3 à 4 m) qui ont nécessité l'emploi de moyens artificiels (échelles, troncs d'arbres). Cette phase, de durée indéterminée, datée autour de 27 000 avant le présent, comprend aussi les mains négatives, à présent au nombre minimum de 55, et peut-être quelques animaux et signes géométriques tracés au doigt.
La phase 2 se situe entre 18 500 et 19 200. Elle comprend la majorité des animaux représentés, actuellement environ 145. Le cheval domine de loin, suivi des caprinés (bouquetin, chamois), des bovinés (bison, aurochs), des cervidés (cerf élaphe, grand cerf mégacéros) et des animaux marins (phoque et pingouin). La plupart des animaux sont gravés, moins d'un tiers sont peints. De nombreux signes géométriques ont été relevés en 1994, dont plusieurs, rectangulaires et munis d'une sorte d'appendice, sont originaux dans l'art franco-cantabrique.
La campagne a aussi été l'occasion de mettre en place l'instrumentation destinée à juger de l'évolution des caractéristiques climatologiques dans la cavité. Par ailleurs, les techniques les plus avancées de relevés ont été utilisées afin de permettre la mise au point ultérieure d'un fac-similé de la grotte. Ces relevés photographiques et photogrammétriques ont été rendus possibles grâce au partenariat de la ville de Marseille et le mécénat technologique d'EDF.
À la suite de sondages, le sol archéologique, scellé sous un dépôt limono-calcaire surmonté d'un plancher stalagmitique correspondant au sol actuel de la caverne a livré un certain nombre de témoins des activités des hommes paléolithiques : foyer d’éclairage, particules charbonneuses, amas d'ocre rouge, blocs d'ocre jaune, éléments osseux et minéraux ayant servi à la préparation des pigments, gouttes de peintures et restes fauniques de rennes, de cheval et d'ours.
Le gisement a été légué à l’État par la propriétaire, Mademoiselle de Saint-Mathurin, décédée en 1991, qui avait mené les fouilles, mais n'avait pas assuré la publication scientifique d'ensemble.
La volonté de mener à terme la publication d'un site important, l’impossibilité de montrer au public les oeuvres pariétales, pour raison de disposition testamentaire, l’émergence d'une demande de nature touristique ont mené à la réalisation d'une photogrammétrie et d'un moulage en vue -entre autres- de la mise en place d'un fac-similé.
S'appuyant sur les avis autorisés des organismes consultatifs (commission supérieure des monuments historiques, commissions interrégionales et conseil national de la recherche archéologique, recourant aux compétences scientifiques et techniques de ses agents et de personnels d'autres institutions (CNRS, Universités..), le ministre de la Culture et de la Francophonie, sur un secteur particulièrement sensible en raison de la fragilité et de la rareté des témoignages conservés s'efforce de concilier les impératifs de la conservation avec les besoins de la recherche scientifique et les ambitions de la diffusion auprès d'un large public.
Voir aussi :
Retours
Date de création : 1995-01-24
Date de dernière
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