L'OBSERVATOIRE JANSSEN AU SOMMET DU MONT BLANC (1893-1909)

Ce document raconte la fabuleuse épopée de Jules César JANSSEN (éminent astronome et académicien fondateur de l'Observatoire de Meudon) au Mont Blanc, où des recherches sur la composition chimique de l'atmosphère solaire l'avaient conduit à l'érection du plus haut observatoire astronomique du monde (dont la durée de vie ne fut que de 15 ans).

JANSSEN recherchait le site le plus élevé et le plus pur possible pour éliminer la composante tellurique dans le spectre solaire provenant de l'absorption atmosphérique.

Observatoire au sommet du Mont Blanc; remarquer la lunette et le sidérostat polaire à droite de la photographie.

Chronologie de l'épopée JANSSEN au Mont Blanc

Chercheurs impliqués dans l'exploitation de l'Observatoire

  • Environ 25 chercheurs, surtout astronomes.
  • 5 expéditions par an en moyenne pendant 10 ans.
  • Environ 50 expéditions scientifiques de 1896 (date de mise en service de la grande lunette) à 1906.
  • Records de durée au sommet: les astronomes de Meudon STEFANIK (13 jours) et HANSKY (10 jours), collaborateurs de JANSSEN.
  • En Astronomie, application des techniques d'imagerie, de spectroscopie et de photographie.

    Principaux thèmes scientifiques abordés

  • ASTRONOMIE

    Ces thèmes tirent pleinement parti des qualités du site: altitude, pureté du ciel et horizon exceptionnels, pression atmosphérique moitié de celle du niveau de la mer, illumination nocturne réduite (pas de poussière); écoulement laminaire des masses d'air par bonnes conditions météorologiques (pas de turbulence, donc absence de scintillation).

  • METEOROLOGIE
  • BIOLOGIE
  • DIVERS

    En guise de conclusion

    L'Observatoire JANSSEN fut une opération scientifique très audacieuse pour l'époque, et très médiatique (le nombre impressionnant de cartes postales éditées en témoigne).

    La station, posée au sommet du Mont Blanc sur la glace, fut ressentie comme concurrente du laboratoire VALLOT fondé quelques années auparavant 450 mètres plus bas: quelle erreur! VALLOT était lui mêumflex;me tout sauf astronome, et l'expérience du Col de Sencours sous le Pic du Midi de Bigorre venait de démontrer clairement pour l'astronomie la supériorité des sommets sur le flanc des montagnes.

    L'Observatoire du Mont Blanc fut aussi injustement critiqué car il ne put êumflex;tre exploité que pendant 10 ans, à un moment où l'on recherchait la perennité. Au contraire, l'opération "Mont Blanc" semblait en avance sur son temps. Visionnaire, JANSSEN avait compris quels étaient les enjeux résultant d'observations astronomiques à une altitude aussi exceptionnelle, dans le contexte des préoccupations scientifiques de l'époque (naissance de la spectroscopie et de l'astrophysique), et ceci quelle que fut la longévité de l'édifice, très difficilement prévisible. Les grands équipements actuels (télescopes géants au sol, sondes spatiales, satellites) n'accomplissent-ils pas leur mission en dix ans ?

    Et pour finir, citons JANSSEN: "Quelle station que cette cime ! Quels levers et quels couchers, quelles nuits !".

    L'album photo

    Il s'agit de photographies centenaires, prises à l'époque sur plaques de verre, et conservées dans les archives de l'Observatoire de Meudon.

    ATTENTION: ces images sont la PROPRIETE DE L'OBSERVATOIRE DE PARIS et ne peuvent êumflex;tre utilisées ou reproduites sans son autorisation explicite.

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    Portrait de JANSSEN (1824-1907), astronome, membre de l'Institut, fondateur de l'Observatoire de Meudon (1876).

    JANSSEN en observation au télescope de 1 m de Meudon.

    Sondages infructueux effectués 12 m sous le sommet du Mont Blanc (2 galeries de 23 m de long creusées dans la glace) à la recherche du rocher.

    Charpente de l'Observatoire construit à Meudon avant son démontage et transport pour le sommet du Mont Blanc. La construction, en bois, comportait deux niveaux dont l'un était destiné à êumflex;tre enfoui sous la neige, de façon à résister aux vents violents fréquents à 4800 m d'altitude.

    Vues de profil et de face de l'ossature de l'Observatoire.

    Itinéraires d'accès pratiqués au Mont Blanc il y a 100 ans. On partait de Chamonix à dos de mulet, jusqu'à l'auberge de Pierre Pointue; on faisait ensuite halte vers 2500 m à la "Pierre à l'échelle", endroit où les guides laissaient des échelles pour faciliter le franchissement des crevasses du glacier, généralement très tourmenté jusqu'au refuge des Grands Mulets (3050 m). De là, on gagnait le Grand Plateau (4000 m) par de grandes pentes sous les séracs du Dôumflex;me du Goûumblex;ter. On continuait alors vers le Mont Blanc soit par le Corridor, le Col de la Brenva et les Rochers Rouges (itinéraire suivi par JANSSEN en 1893 et 1895 en raison de l'abri qu'il y avait érigé et du moindre danger pour le passage du traineau, mais délaissé aujourd'hui), soit par le Col du Dôumflex;me, le laboratoire VALLOT et l'Arêumflex;te des Bosses (voie normale actuelle de Printemps et empruntée par JANSSEN en 1890).

    JANSSEN en route pour les Grands Mulets (3050 m) sur la chaise échelle qu'il avait conçue pour se faire transporter.

    JANSSEN et ses douze vaillants guides de Chamonix. Son guide chef s'appelait Frédéric PAYOT.

    JANSSEN sur son traineau tiré par ses guides dans les raides pentes menant au Grand Plateau (4000 m) et à la cabane VALLOT.

    Halte au chalet laboratoire VALLOT en 1890 sur la route du Mont Blanc (4350 m).

    L'Observatoire JANSSEN au sommet du Mont Blanc vu à la lunette.

    Cordée et Observatoire au sommet du Mont Blanc (4807 m).

    Observatoire JANSSEN au sommet du Mont Blanc. Ce curieux "paquebot des glaces" est surmonté d'une tourelle d'observation météorologique.

    Observatoire JANSSEN au sommet du Mont Blanc; remarquer le tube de la lunette qui dépasse à droite du bâumflex;timent.

    Observatoire JANSSEN au sommet du Mont Blanc. Le niveau inférieur, enfoui dans la neige, reposait sur des vérins permettant de corriger son assise.

    L'une des innombrables cartes postales éditées à l'époque de l'Observatoire.

    Autre carte postale éditée à l'époque de l'Observatoire, dont le succès fut retentissant.

    Givre a l'Observatoire JANSSEN. A gauche, le tube de la grande lunette de 33 cm.

    Givre a l'Observatoire JANSSEN.

    La grande lunette est parallèle à l'axe du monde et alimentée par un sidérostat polaire. De ce fait, l'observateur peut se tenir dans une pièce close à l'abri du froid.

    Vue du sidérostat polaire qui servait à renvoyer la lumière céleste dans la direction fixe et parallèle à l'axe des pôumflex;les de la grande lunette (qui pivotait seulement autour de son axe avec un mécanisme d'horlogerie).

    Météorographe à longue marche de l'Observatoire JANSSEN.

    Mouvement de l'Observatoire JANSSEN à la surface de la calotte sommitale glaciaire du Mont Blanc entre 1893 et 1906.

    L'Observatoire s'enfonce dans le glacier...

    L'Observatoire JANSSEN s'enfonce lentement mais inexorablement dans les glaces et devra êumflex;tre abandonné en 1909. Seule émerge sa tourelle.


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    Jean-Marie MALHERBE (MALHERBE@OBSPM.FR)