Actuellement, l'exposition des sculptures de Constantin Brancusi attire les foules au Centre Georges Pompidou - Jusqu'au 21 août prochain dans la Grande Galerie, l'on peut admirer 103 sculptures, 38 dessins et 55 photographies originales de l'un des plus grand sculpteurs du XXe siècle.
Un petit peu d'histoire...
D'origine roumaine, Brancusi est né en 1876 dans un village des Carpates au sein d'un monde rural. Puis Brancusi quitte son village natal pour suivre une formation à 1'école des Beaux-Arts de Bucarest. Il rejoint Munich en 1903 puis Paris en 1904 où il s'inscrit $agrave; I'Ecole nationale des Beaux-Arts. Il travaille quelques temps comme praticien chez Rodin qu'il quitte afin de trouver sa propre identité. Il développe alors son propre style.
L'oeuvre de Brancusi...
Au début de son oeuvre, Brancusi s'attache à une représentation figurative de la forme humaine. Il sculpte différents portraits, comme "le suplice", qui sont très réalistes. L'expression de la vie intérieure de son modèle se dégage de la sculpture. Très vite, ces esquisses réalistes ne lui conviennent plus : il veut désormais exprimer la spiritualité contenue dans la posture de son modèle.
C'est ainsi qu'en 1907, il sculpte "la prière" : une femme en train de se recueillir, à genoux. En fait, Brancusi ne représente pas une femme en prière, il veut incarner l'essence spirituelle de toutes les prières. Ainsi, Brancusi ne conçoit plus la peinture comme la représentation d'un modèle mais comme la représentation d'une essence. C'est ainsi qu'il sculpte ``le sommeil'', visage taillé dans un bloc de marbre; une grande sensibilité s'émane du visage. La sculpture ``la sagesse de la terre'' représente une femme parfaitement concentrée sur elle-même; le mystère qui se dégage de ce crâne lui confère une portée universelle.
Puis le style de Brancusi se transforme avec l'utilisation du ``poli'' (bronze, marbre ou pierre). Pour l'artiste, ``le poli est une nécessité que demandent les formes relativement absolues de certaines matières''. Il réalise alors plusieurs sculptures de ``muse endormie'', simple crâne ovale délicatement poli. Les détails du visage n'intéressent pas Brancusi; c'est la forme particulièrement ovale par laquelle s'exprime la sensibilité de la figure qu'il veut atteindre.
Tout au long de sa vie, Brancusi développe de nombreux thèmes : celui de baiser, de la muse, de la colonne, du coq et de l'oiseau. Entre 1910 et 1944, Brancusi créera vingt neuf oiseaux. A travers ces oiseaux, toute sa vie, l'artiste cherchera à saisir l'essence du vol qui pour lui symbolise l'ascension vers le spirituel et la transcendance. Le vol est selon lui ce qui est ``le plus merveilleux dans la nature''. Les formes sont en apparence de plus en plus simples, dépouillées. Un ovale poli, en forme d'ellipse, étiré vers le ciel exprime le vol propre à tous les oiseaux. L'ellipse traduit ainsi un élan ascentionnel en équilibre instable : c'est la verticalité, dimension première dans l'oeuvre de Brancusi. C'est un élan vers le ciel, une élévation telle que l'exprimait Baudelaire dans les ``Fleurs du mal'' :
L'atelier de Brancusi sera lui-même une oeuvre d'art à part entière;. L'artiste expose dans son atelier. Chaque oeuvre occupe une place bien définie. Déplacer une seule de ces oeuvres serait pour lui rompre l'harmonie qui règne dans ce lieu. C'est pourquoi, les photographies prises par l'artiste dans son atelier sont un apport inestimable pour la compréhension de son oeuvre.
Brancusi meurt en 1957. A partir des annèes 60, son influence sera considérable sur les jeunes artistes qui reprendront les notions élémentaires contenues dans l'oeuvre de Brancusi : la verticalité, l'horizontalité, les poids, la densité et l'importance accordée à la lumière et à l'espace. Toutes ces notions contenues dans l'oeuvre de Brancusi sont merveilleusement mises en valeur au sein du Centre Beaubourg, vaste lieu inondé de lumière.
Updated 04/95